Jeudi 26 novembre 2009 à 19h03, Chez Lila & Carter ✲ Carter raccrocha le téléphone de mauvaise humeur. Lila sortit de la cuisine de la cuisine au même moment, un torchon entre les mains. Elle faisait à dîner et avait été alerté par les éclats de voix de son mari. « Que se passe-t-il ? » Carter ne lui répondit pas et se rendit d'un pas déterminé dans le salon où son frère s'amusait à enlever et remettre les piles de la télécommande. Il s'approcha de son frère et lui arracha l'engin des mains. « Mais bon sang, arrête donc de faire ça, tu sais comme ça me fatigue ! » Énervé, Carter essayait de se retenir de crier sur son frère. Mais la colère était plus forte et il savait qu'il n'allait pas réussir à la contenir encore longtemps. Lila s'approcha de lui et posa sa main sur son bras mais même ce geste ne parvint pas à le calmer. « Je viens de recevoir un appel de Stuart, tu t'es encore fait viré ! Mais merde Maxwell, qu'est-ce qu'on va faire de toi ! Tu as vingt ans, tu n'en as plus douze, il est grand temps de t'assumer et de te comporter comme un homme pas comme un gamin. Arrête donc d'être aussi bizarre et réponds quand on te parle ! » Mais Max ne dit rien, pour changer. La colère de son frère ne semblait pas l'atteindre. Rien ne paraissait parvenir dans la bulle qu'il s'était formé. Carter devait subir cette situation depuis dix ans et il en était arrivé à un point de non retour. Il saturait trop pour parvenir à demeurer indulgent à l'égard de son petit frère et de ses problèmes. « Les gens te prennent pour un demeuré ! Tu crois que je passe pour quoi moi ? Je me damne pour te trouver un emploi, je fais jouer tous mes contacts et je vante tes mérites pour quoi ? Pour que tu merdes derrière ? Non, je ne te laisserai plus tout gâcher de cette façon, maintenant, tu n'as qu'à te débrouiller tout seul ! Stuart pense que tu es un handicapé et tu sais quoi ? Je crois qu'il a raison. Tu n'es qu'un putain de handicapé qui ne sait rien faire d'autre de sa vie qu'enlever et remettre des putains de piles ! » Carter était à bout de nerfs et même si Lila cherchait à l'attirer dans une autre pièce, Carter résistait, déversant tout le venin qu'il retenait en lui depuis tant d'années. Il avait essayé. Mais il fallait croire qu'il n'avait pas les épaules assez solides pour aider son frère. Et pour la première fois depuis longtemps, l'aîné aperçut une vraie émotion sur le visage de son petit frère. Maxwell avait l'air terriblement blessé et des larmes avaient commencé à couler sur ses joues. Il passa devant son frère et avant de sortir, lui dit : « Tu n'auras plus à t'inquiéter de rien. Je serai parti demain à la première heure. » Pas un regard ne fut adressé à son frère. Et le lendemain, toutes ses affaires avaient disparu.

Jeudi 26 novembre 2009 à 19h03, Chez Lila & Carter ✲ Carter raccrocha le téléphone de mauvaise humeur. Lila sortit de la cuisine de la cuisine au même moment, un torchon entre les mains. Elle faisait à dîner et avait été alerté par les éclats de voix de son mari. « Que se passe-t-il ? » Carter ne lui répondit pas et se rendit d'un pas déterminé dans le salon où son frère s'amusait à enlever et remettre les piles de la télécommande. Il s'approcha de son frère et lui arracha l'engin des mains. « Mais bon sang, arrête donc de faire ça, tu sais comme ça me fatigue ! » Énervé, Carter essayait de se retenir de crier sur son frère. Mais la colère était plus forte et il savait qu'il n'allait pas réussir à la contenir encore longtemps. Lila s'approcha de lui et posa sa main sur son bras mais même ce geste ne parvint pas à le calmer. « Je viens de recevoir un appel de Stuart, tu t'es encore fait viré ! Mais merde Maxwell, qu'est-ce qu'on va faire de toi ! Tu as vingt ans, tu n'en as plus douze, il est grand temps de t'assumer et de te comporter comme un homme pas comme un gamin. Arrête donc d'être aussi bizarre et réponds quand on te parle ! » Mais Max ne dit rien, pour changer. La colère de son frère ne semblait pas l'atteindre. Rien ne paraissait parvenir dans la bulle qu'il s'était formé. Carter devait subir cette situation depuis dix ans et il en était arrivé à un point de non retour. Il saturait trop pour parvenir à demeurer indulgent à l'égard de son petit frère et de ses problèmes. « Les gens te prennent pour un demeuré ! Tu crois que je passe pour quoi moi ? Je me damne pour te trouver un emploi, je fais jouer tous mes contacts et je vante tes mérites pour quoi ? Pour que tu merdes derrière ? Non, je ne te laisserai plus tout gâcher de cette façon, maintenant, tu n'as qu'à te débrouiller tout seul ! Stuart pense que tu es un handicapé et tu sais quoi ? Je crois qu'il a raison. Tu n'es qu'un putain de handicapé qui ne sait rien faire d'autre de sa vie qu'enlever et remettre des putains de piles ! » Carter était à bout de nerfs et même si Lila cherchait à l'attirer dans une autre pièce, Carter résistait, déversant tout le venin qu'il retenait en lui depuis tant d'années. Il avait essayé. Mais il fallait croire qu'il n'avait pas les épaules assez solides pour aider son frère. Et pour la première fois depuis longtemps, l'aîné aperçut une vraie émotion sur le visage de son petit frère. Maxwell avait l'air terriblement blessé et des larmes avaient commencé à couler sur ses joues. Il passa devant son frère et avant de sortir, lui dit : « Tu n'auras plus à t'inquiéter de rien. Je serai parti demain à la première heure. » Pas un regard ne fut adressé à son frère. Et le lendemain, toutes ses affaires avaient disparu.

Lundi 9 juillet 2012 à 17h49, Hyde Park, Maison de Thom, Estrella, Alessio, Aidan & Ariel ✲ Ariel débarqua comme une furie dans sa chambre et se jeta dans ses bras alors qu'il était allongé sur son lit, en train de consulter son portable. Il la serra fort contre elle et ferma les yeux, attendant que la respiration de la jeune femme se calme. Mais elle était hystérique, en larmes et incapable de trouver la paix. Thom déposa un baiser sur son front qui eut pour effet de la faire se redresser. Bouleversée, elle le regardait comme si quelque chose n'allait pas. Comme si quelque chose à propos de lui n'allait pas. Ce n'était pas que le chagrin dû à la disparition de son frère, Thom le comprit très vite.
Il voulut la reprendre dans ses bras mais elle s'écarta vivement. « Non, non ! On ne peut plus faire ça Thom, je suis désolée mais je crois que c'est mieux qu'on arrête. » Thom la regarda sans comprendre. Il ne réalisait pas encore ce qu'elle lui disait, pensant juste qu'elle réagissait sous le coup de l'émotion. Thom avait abandonné son mode de vie pour elle, il ne s'imaginait pas la perdre un jour. « On n'est pas obligés Ariel. On peut surmonter ça tous les deux, on a besoin l'un de l'autre. » Thom venait aussi de perdre son meilleur ami et la douleur était encore trop vive. Il ne pouvait pas perdre aussi Ariel. Non. Ce n'était pas envisageable. « Tu ne comprends pas Thom. On ne peux pas ! Ce n'est pas ce que Aidan aurait voulu. Il ne voulait pas qu'on soit ensemble, on lui doit au moins ça non ? » Ariel déglutit avec difficulté et les larmes se remirent à couler sur ses joues. Elle ne voulait pas faire ça mais elle avait l'impression de ne pas avoir le choix, qu'elle devait au moins ça à son frère maintenant qu'il n'était plus là. Une façon de se débarrasser d'une culpabilité qui paraissait trop lourde à porter dans cette période de deuil.
Thom restait silencieux, trop bouleversé pour réussir à parler. Il n'essayait même pas de la retenir, sachant pertinemment qu'il n'y avait plus rien à faire. Il n'avait de toute façon pas assez de forces pour opposer une résistance. « Tu peux me prendre dans tes bras une dernière fois ? » Thom opina et la serra de nouveau contre lui, aussi fort qu'il le put pour profiter de sa présence autant qu'il le pouvait. Pouvoir être avec elle encore quelques instants avant la fin.

Samedi 18 décembre 2010 à 08h21, Navy Pier ✲ ► Ariel avança prudemment. Il faisait déjà froid et le sol était devenu glissant par endroit, un peu de glace ayant commencé à se former. Elle finit par rejoindre la personne qu'elle voulait. Elle s'assit à côté d'elle et regarda dans la même direction. « Je t'ai entendue partir, » dit Ariel, n'ajoutant rien de plus. Le reste était sous-entendu. Elle l'avait suivie jusqu'ici et ne s'excusait pas de l'avoir fait. C'était son devoir de meilleure amie et de sœur de cœur de veiller sur Estrella. Cette dernière se tourna vers Ariel. « Je sais ce que tu vas me dire. » Mais Ariel ne dit rien. Elle se contenta d'attendre que Estrella fut prête à parler. C'était le genre de moments où elles se confiaient, pas rares mais précieux.
Sa meilleure amie vivait une période difficile ; la brusquer ne servait à rien. Pour lui donner du courage, Ariel attrapa la main de Estrella et la sentit frissonner. « Je sais que ce n'est pas prudent de sortir aussi vite. Qu'une moindre chute pourrait endommager davantage ma colonne et que je pourrais ne plus jamais remarcher mais… J'avais besoin de voir la glace, tu comprends ? J'ai longtemps cru qu'elle était mon amie mais je me rends compte maintenant que je me suis trompée. Il y en a des chutes. Et des douloureuses aussi. Mais pas comme celle-là. Pas… » Sa voix eut un raté et Ariel resserra son étreinte autour de la main de Estrella.
Estrella soupira pour se donner du courage. « J'ai vraiment eu peur cette fois-ci. J'ai vu la glace arriver et le choc a été si douloureux que j'avais l'impression que tous mes os étaient touchés. » Malgré elle, Ariel ne put s'empêcher de retenir une larme. Elle était là lorsque Estrella était tombé. Tout comme une centaine de personnes et des caméras braquées sur elle. Voir sa meilleure amie tomber de la sorte lui avait brisé le cœur et elle avait vraiment eu peur de la perdre. Elle était comme sa sœur. Elle ne pouvait pas perdre sa sœur, elle ne s'en remettrait pas. Depuis son accident, Estrella avait perdu une partie de sa joie de vivre. Le patinage c'était sa passion, presque toute sa vie. Elle avait perdu ses repères et ne savait plus dans quelle direction elle devait aller. Elle n'avait plus d'avenir.
Ariel sentait qu'il y avait autre chose. Ce n'était pas seulement la perte d'un rêve. Elle semblait manquer d'avoir envie de vivre. « J'ai été bête Ariel, mon Dieu j'ai été si bête ! » Et Estrella se mit à pleurer. Pour la première fois depuis ce qui lui était arrivé, elle pleurait vraiment sans pouvoir se retenir. Ariel la prit dans ses bras et la berça pour la calmer mais elle pleurait autant que sa meilleure amie. Elle ne comprenait pas sa détresse mais ne posait pas de questions, comme elles avaient l'habitude de le faire l'une avec l'autre. « Je... Pensais vraiment que... Qu'il pouvait... pouvait aussi m'ai-m'aimer. » Les paroles de Estrella étaient saccadées, entrecoupées par des sanglots. Elle finit par tout lui raconter, par se confier à elle et Ariel se rendit compte qu'elle l'avait toujours su. Elle avait toujours su que Estrella était amoureuse de son frère. Et elle s'en voulait de ne pas l'avoir assez mise en garde.

Mardi 10 juillet 2012 à 01h26, Hyde Park, Maison de Thom, Alessio, Estrella, Aidan & Ariel ✲ La lumière éteinte, la pièce était presque totalement baignée dans le noir. Seul un rai de lumière provenant d'un lampadaire allumé à l'extérieur éclairait la pièce. La porte grinça lorsqu'elle s'ouvrit et une silhouette masculine rentra à l'intérieur de la pièce. Elle referma la porte derrière elle avant de scruter la pièce. Elle aperçut une autre silhouette dans un coin de la pièce et alla s'asseoir à côté d'elle. Doucement, elle s'empara de la main posée sur le genou gauche. « Ariel c'est Alessio, » murmura celui-ci. « Je me suis permis d'entrer, j'espère que tu ne m'en veux pas d'être là. » Ariel lâcha la main d'Alessio, releva la tête et regarda dans la direction de son ami. « Tu n'aurais pas dû. J'aimerais juste... Être seule. » Ariel s'attendait à ce qu'Alessio se résignât et quittât la pièce mais ce dernier n'en fit rien. Il resta assis à côté d'elle et s'empara de nouveau de sa main, la serrant de ses deux mains pour qu'elle ne le lâchât pas. C'était aussi une manière pour lui de lui montrer qu'il était là pour elle. « On n'est pas obligés d'en parler tu sais. On peut juste rester assis là pendant des heures jusqu'à en avoir mal aux fesses. Mon but en venant ici n'était pas de te forcer à parler de la disparition de ton frère. » Ariel sembla réagir à ces derniers mots. Alessio la vit détourner la tête comme pour se protéger de sa peine et de ses émotions. Ces mots étaient durs à entendre pour elle. Ils étaient trop douloureux. Trop frais. « Alors quel était ton but ? » murmura-t-elle sèchement. Alessio, dans le noir, attrapa le menton d'Ariel et la força à se tourner vers lui. Même dans le noir, ils parvinrent à se regarder dans les yeux l'un de l'autre. Plusieurs secondes passèrent. Ariel avala difficilement sa salive avant de secouer la tête. « Estrella et moi avons toujours été là pour toi. Et nous le serons toujours. Tu as toujours été comme notre sœur, nous étions un peu les triplés d'années en années. Depuis quelques temps — très longtemps même —, je ne te considère plus comme ma sœur. Je t'aime Ariel. » Cette dernière baissa la tête. « Alessio..., » murmura-t-elle comme pour le faire taire. Mais ce dernier ne voulait pas se taire. Pas maintenant alors qu'il lui avouait ce qu'il avait sur le cœur depuis si longtemps. « Je veux être avec toi pour toujours. Partager tes peines et tes coups de cœur. Être auprès de toi lorsque tu ne vas pas bien comme maintenant. Être celui sur lequel tu pourras te reposer à chaque moment. Tu as juste à me dire que tu ne ressens pas la même chose et je partirai. » Ariel ne s'était pas attendue à cette révélation. En cette triste journée, ses émotions lui faisaient faux-bond. Des larmes se mirent à couler sur ses joues sans qu'elle parvint à les retenir. Alessio les essuya du plat de la main et Ariel vint poser ses lèvres sur celle de son ami. Ce fut leur premier baiser. Un baiser mouillé mais passionné, retenu longtemps de peur de gâcher une amitié vieille de tant d'années.